PRATIQUES TIBÉTAINE DE MÉDITATION. I




nada yoga 

méditation sur le "a"


Cet article est un court extrait de notre enseignement complet de santé naturelle et naturopathie holistique (module 12, cycle 3).


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LE NADA YOGA, LE SON DU SILENCE



Cette pratique méditative est à la portée de toutes et de tous. Ecouter le « son intérieur », qui est sans commencement ni fin, permet de stabiliser dans un premier temps l’esprit dans l’espace sacré du « moment présent », et dans un second temps de réaliser pleinement la vacuité.


Le son joue un rôle important dans toutes les pratiques méditatives, même s’il est possible de méditer dans le silence le plus complet – ou dans un environnement bruyant voire cacophonique – et sans recourir au chant, à la voix, à la récitation de mantras.


Cette pratique très particulière, qui s’inscrit dans l’approche de la méditation telle que je la présente ici, repose sur l’écoute du « son intérieur » que certains enseignants appellent aussi le « son du silence », parce ce qu’il est plus facile de le percevoir dans un environnement silencieux, et surtout parce qu’il ne s’arrête jamais. 


Assis dans un environnement calme, agréable et peu éclairé, il suffit d’écouter avec un maximum de concentration le bruit que l’on peut entendre « dans les oreilles ou à l’intérieur de la tête ».


Le bruit qui prédominera sera très probablement de prime abord des bourdonnements dans les oreilles, voire des sifflements plus ou moins prononcés, voire des acouphènes.


Pour des raisons physiologiques, en présence de pathologies auditives, la pratique du Nada Yoga peut être fortement perturbée, il sera alors peut-être préférable de se tourner vers la méditation sur la lettre « A ».


Essayez tout simplement de ne pas vous attarder aux bruits parasites, très vite si vous maintenez votre attention libre de toute saisie dualiste, une autre vibration sonore émergera au niveau de votre conscience auditive jusqu’à emplir tout l’espace.


En restant dans cette perception auditive, vous finirez par entrer en résonnance vibratoire avec la vibration fondamentale de l’Univers, ce bruit de fond qui existe depuis toujours, depuis bien avant le Big Bang, (si tant est qu’il y ait eu un Big Bang, les avis restent partagés à ce sujet), et qui existera toujours.


Fréquence vitale universelle, Verbe ou Logos, le son du silence nous relie à tout ce qui vibre dans l’Univers, c’est à dire à tout ce qui est ou fut, et à tout ce qui sera.


La pratique du son du silence réunit en une seule les méditations du calme mental et de la vision pénétrante, en ce sens qu’elle débute par un apaisement de l’esprit et débouche sur la fusion avec l’Univers qui est claire vacuité.


Comme dans le cas de la pratique méditative Shamata où le méditant fixe son attention sur un objet dit mondain, la flamme d’une bougie, la fumée d’un bâtonnet d’encens, le souffle régulier, le rythme des pas si la méditation se fait en marchant, le son intérieur peut servir à focaliser l’attention et à le protéger contre les pensées parasites.





MEDITATION SUR LE « A »



Peut-être encore plus simple que le Nada Yoga, très certainement plus facile à pratiquer, est la méditation sur le « A », la lettre mère de tous les sons.


Dans l’alphabet sanscrit et dans l’alphabet tibétain, la voyelle A est à l’origine de toutes les autres voyelles et de toutes les consommes.


Energie créatrice, force du Verbe, Souffle Divin, la lettre A est une autre façon d’entrer en harmonie vibratoire avec Nada, le son intérieur, le son du silence. 


Pratiquer la méditation sur la lettre A est une pratique Dzogchen puisqu’elle met directement le méditant en union énergétique avec l’ensemble de l’Univers et de ses manifestations, et surtout parce qu’elle dissout les brumes qui enveloppent rigpa, la pleine conscience éveillée.


A est le symbole de la perfection présente de toute éternité, rigpa, la pleine conscience éveillée, Thatagatagarbha, l’essence de tous les Bouddhas, l’ainsité inhérente à tous les phénomènes dans la vacuité, la non dualité.


A, la voyelle originelle, mère de toutes les autres voyelles et de toutes les consonnes, est à l’origine du langage, donc de la conscience, puisque « le mot précède le concept ».


Toute méditation spirituelle commence par une prise de refuge.


Je prends refuge dans les trois Joyaux qui sont le Bouddha (l’Être Eveillé), le Dharma (l’enseignement qui même à l’Eveil), la Sangha (la grande famille spirituelle, l’assemblée, l’église ou Ecclesia).


Je peux aussi prendre refuge dans les trois Racines qui sont le Guru (le maître apte à transmettre l’enseignement), le Yidam (qui est la visualisation de la Déité avec laquelle on fusionne son propre esprit), la Dakini (le principe féminin).


Ces prises de refuge sont celles des trois premiers Véhicules, Hinayana, Mahayana, Vajrayana.


Mais qu’est-ce au juste que la prise de refuge ? S’il pleut, je cherche à me protéger de la pluie et de façon toute naturelle, je prends refuge sous un parapluie.


De la même façon que je me protège de la souffrance, certes anodine, que m’inflige la pluie en me mettant à l’abri sous un parapluie, je me mets à l’abri des souffrances du Samsara (le monde de l’incarnation), en méditant sous l’égide du Bouddha, du Dharma, du Sangha.


Dans le Dzogchen tout est parfait dès l’origine et cette perfection n’aura pas de fin.


Chaque être sensible porte en lui cette « Êtreté » parfaite et le but de la pratique est de la laisser pleinement s’exprimer.


Et puisque tous les phénomènes ont pour essence cette perfection – on parle alors d’ainsité, ou de Tathagatagarbha, la nature de Bouddha, ou mieux encore de rigpa – leur manifestation ultime est le A.


A est l’essence de tous les Bouddhas, pleinement éveillés ou en potentiel d’Eveil, et la visualiser ou la laisser s’exprimer réveille notre propre nature de Bouddha.


Parce qu’elle est universelle, la lettre A est aussi l’essence de tous les refuges quels qu’ils soient, et prendre refuge en la lettre A est aussi prendre refuge en son propre esprit.


« Je prends refuge en mon propre esprit. »


Après avoir stabilisé le mental par la pratique de Shamatha, le calme mental, le pratiquant répète trois fois cette phrase, en pleine conscience.


Il faut ensuite prononcer le son A trois fois, en le laissant venir des profondeurs de sa cage thoracique, et de plus loin encore si possible.


Ensuite le pratiquant continue la méditation par la pratique de la vision pénétrante en visualisant la lettre A blanche, dans l’espace devant soi et dans son cœur. Le pratiquant peut aussi utiliser pour son support de méditation la lettre tibétaine A. Ce qui est mieux.


La lettre tibétaine A, elle symbolise l’état primordial de l’esprit, rigpa, la « pleine conscience éveillée », la neuvième conscience.

Le pratiquant peut aussi laisser le son A emplir silencieusement son espace mental, dans une méditation qui unit calme mental et vision pénétrante, puisque fusionner avec la vibration du A revient à fusionner avec la véritable nature de l’esprit, universelle et cosmique.


Bien que ces pratiques soient relativement simples, elles constituent tant dans le bouddhisme ésotérique tibétain que dans les enseignements japonais (sous le nom de « Ajikan »), un secret jalousement gardé au fond des temples et des monastères. Un secret qui n’était révélé, et avec parcimonie, qu’à des pratiquants aguerris et au terme de plusieurs décennies d’assiduité.


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